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François Duret-Robert est mort à Paris, le lundi 14 octobre, à l’âge de 92 ans. Il fut l’un des pionniers du journalisme appliqué au marché de l’art, à une époque – en 1963, année où il devint, et ce, jusqu’en 1996, rédacteur en chef adjoint du magazine Connaissance des arts – où les commissaires-priseurs s’indignaient qu’on ose publier non seulement les prix et la photographie de leurs adjudications, mais également ceux et celles des œuvres qu’ils avaient échoué à vendre. Un crime de lèse-majesté, pestaient ceux qui étaient alors encore des « officiers ministériels ». Or, dans son premier livre d’importance, Les 400 Coups du marteau d’ivoire, publié en 1964 chez Robert Laffont, François Duret-Robert prophétisait la fin inéluctable de leur monopole sur les ventes publiques en France. Il ne se trompait pas, mais cela aura pris presque quarante ans…
Né à Paris le 29 janvier 1932, l’homme, d’une parfaite courtoisie qui n’excluait pas la pratique d’une douce et malicieuse ironie dans ses articles, et, à l’oral, d’un humour parfois mordant, le col invariablement serré d’un obsolète nœud papillon – « avec cet accessoire, on entre partout », justifiait-il –, n’avait pourtant rien d’un dangereux révolutionnaire. Il faisait honnêtement, rigoureusement et complètement son travail, et avait été bien formé pour cela : nanti d’un certificat de mathématiques générales et d’un diplôme de l’institut d’études politiques de Paris en 1958, il commença sa carrière aux éditions Lamy, dans le service contentieux juridique et fiscal, jusqu’en 1962.
Puis il s’orienta vers le journalisme d’art, plus vivifiant. Il y fit des merveilles, au point qu’on se demande si ce n’est pas lui qui a inventé cette partie du métier. Cela grâce à une parfaite connaissance du droit, qu’il livra, bien plus tard, dans une somme, Droit du marché de l’art, publié aux éditions Dalloz, ouvrage si précieux aux juristes qu’il en est à sa huitième édition… Dans les nombreuses universités où il enseigna, François Duret-Robert était d’ailleurs surnommé « le faiseur de droit », même si lui nous avait confié, en toute – fausse – modestie, que le droit, « cela se fait en Cour de cassation ! ».
Il collabora également au magazine spécialisé L’Objet d’art, de 2002 à 2020, par une rubrique dont le titre était tout un programme : « Chronique désinvolte du marché de l’art ». Selon son éditrice, Jeanne Faton, il fallait prendre le mot « désinvolte » au premier sens que lui donne le dictionnaire de l’Académie française : « qui est dégagé, souple dans ses mouvements, son allure », et non dans le second, « qui manifeste une liberté excessive, impertinent, sans gêne ».
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